Le 7ème art a largement fait la part belle à la sexualité, lui consacrant même directement une partie de son industrie : les productions érotiques et pornographiques. Mais même dans les autres catégories du cinéma la sexualité est largement présente, sous une forme plus ou moins suggérée. Et comme il s’agit d’art, le traitement de la sexualité reflète largement les aspirations et contradictions des différentes époques. De Billy Wilder qui, malgré une censure farouche, réussit à faire un film sur le mélange des genres sexuels (« Certains l’aiment chaud ») à Catherine Hardwicke et sa saga sur l’initiation à la sexualité des adolescents («Twilight »), en passant par le très émouvant « Perfect Mothers » ou le très inquiétant « Empire des Sens », on voit que la sexualité et, partant, l’amour, sont omniprésents sur les écrans. Comme dans la vie !
Gilda (1946, bande annonce, VO)
Chef d’œuvre du film noir américain, Gilda est un film qui célèbre le droit à la liberté sexuelle de la femme et ironise sur la frustration masculine qu’elle provoque. De multiples allusions sexuelles sont faites dans le film (comme par exemple la canne, par une pression sur un bouton, devient une épée). La scène légendaire est bien entendue celle où Gilda chante « Put the blame on Mame ». Elle résume et enseigne en quelques minutes tout l’art du strip-tease : comment faire monter la tension sexuelle juste en suggérant. En effet, au final, Gilda n’ôte que l’un de ses gants. Et pourtant, c’est aussi excitant que si elle s’était mise nue. A méditer et à imiter !
Some like it hot (1959, bande annonce, VO)
Tourné en 1959, ce film de Billy Wilder, qui est également l’un des derniers de Marilyn Monroe, traite du mélange des genres et de la confusion. Des héros qui n’en sont pas, des milliardaires de pacotilles, des filles intéressées au cœur d’or, des hommes se faisant passer pour des femmes. C’est la fin d’une époque, une Amérique qui s’est perdue et qui se cherche, une peinture de l’absurdité. Jusqu’à la fin qui n’en est pas une réellement, l’ultime réplique « nobody is perfect » résonnant comme un pied de nez au spectateur en quelque sorte abandonné à son sort. Mais si la critique sociale, politique et morale est amère, elle passe facilement car elle est portée par le talent comique des interprètes qui s’amusent et trouvent dans la légèreté la force de (sur-)vivre.
La piscine (1969, bande annonce, VF)
Occasion d’une nouvelle réunion (imposée par Alain Delon) entre les deux anciens amants terribles du cinéma français, Alain Delon et Romy Schneider, ce film est un magnifique huis-clos entre 4 personnages d’âges, d’horizons et de relations différents. Tout tourne autour de la sexualité et de son impact dans les rapports entre les êtres. Mensonges, trahison, séduction, interdit et transgression allant jusqu’au meurtre, plus que dans les dialogues et l’histoire c’est dans les images qu’il faut chercher la tension sexuelle et dramatique. Toute la symbolique sexuelle y est, jusqu’à la puissante voiture de sport ! Dans un décor moite et pas si anodin que cela d’une piscine (l’eau, la matrice intra-utérine, l’été tropézien, …), c’est une véritable tragédie antique qui se joue et se dénoue, comme le haut du bikini noir de Romy.
Le dernier tango à Paris (1972, bande annonce, VF)
C’est un film noir, morbide, qui raconte une relation charnelle intense et douloureuse entre deux inconnus. Il a été écrit sur la base d’un fantasme du réalisateur qui avait rêvé qu’il faisait l’amour avec une inconnue croisée dans la rue. La sexualité est ici un exutoire, un canal de communication privilégié, le seul possible quand l’abîme entre deux personnes est trop grand pour les mots et en même temps une drogue qui envahit et finit par détruire. C’est aussi la représentation du choc d’une époque, celle de la révolution sexuelle et féministe. Les scènes d’amour avec un Marlon Brando poignant dans le rôle du quadragénaire fatigué, brutal et mystérieux sont devenues une référence cinématographique et celle du viol dans la cuisine a fait scandale.
L’empire des sens (1976, bande annonce, VOST)
La sexualité la plus éloignée de la sexualité occidentale serait la sexualité japonaise. En tous cas cette histoire d’amour charnel qui aboutit à la folie meurtrière est sans conteste une curiosité. On assiste à une escalade sexuelle qui, partie de jeux érotiques de plus en plus poussés, va aller jusqu’à la mort et la mutilation. L’esthétisme, parfait, souligne par sa froideur l’insoutenable folie possessive qui envahit les deux amants avant de finir par les dévorer. Inspiré d’un fait divers réel, le film s’attache à suivre l’isolement progressif des personnages qui se coupent totalement de la réalité. Les scènes érotiques sont torrides, souvent non simulées, comme la scène de la fellation.
Lady Chaterley’s lover (1981, bande annonce, VO)
C’est la version résolument érotique du roman, portée par une Sylvia Kristel peut-être un peu trop loin du rôle.
37,2° le Matin (1986, film entier)
Road movie à la française, ce film révéla la sulfureuse sensualité de Béatrice Dalle. Les premières images plantent le décor : les deux principaux personnages sont en train de faire l’amour, sur et non sous les draps. C’est encore une fois une histoire d’amour passionnel où le sexe sert à la fois de lien et de canal de communication entre deux êtres qui se perdent. Après un début heureux, filmant un amour vivant et inattendu comme une belle surprise, c’est finalement une fuite en avant dramatique qui s’installe, que viendront couronner la folie et la mort.
Neuf semaines 1/2, le striptease (1986)
C’est l’histoire d’une relation physique de domination où deux inconnus vont ensemble chercher à repousser leurs limites sexuelles et où la femme va finir par tomber sous la totale dépendance de son homme. La bande son est extraordinaire et rythme les scènes érotiques, du jeu avec la nourriture au strip-tease de Kim Basinger. De quoi donner quelques idées, sans nécessairement aller aussi loin que les personnages dans la domination…
Quand Harry rencontre Sally, la scène de l’orgasme simulé… (1989, VF)
Si le film reste seulement une gentille comédie romantique comme les Américains en raffolent, il est toutefois intéressant en raison de la fameuse scène où Sally (Meg Ryan) simule un orgasme pour convaincre Harry qu’il est impossible pour un homme de savoir si sa partenaire simule ou non. Drôle en raison de l’incongruité du lieu où Sally donne cette démonstration (alors qu’elle déjeune dans une salle de restaurant pleine), ce petit morceau de bravoure de la comédienne est devenu LA scène du film. C’est un parfait exemple pour les femmes sur « comment simuler un orgasme » et laisse sans aucun doute les téléspectateurs masculins songeurs.
Wild orchid (1990, bande annonce, VO)
C’est la version originale, non censurée, qu’il faut voir, avec les scènes d’amour entre les deux principaux personnages qui, dans la vraie vie (Mickey Rourke et Carré Otis), ont justement entamé une relation lors de ce tournage. Il s’agit de l’initiation à une sexualité libre et sans règles d’une jeune femme par un homme mystérieux et puissant (tiens, on dirait un autre livre/film sorti récemment…).
The Lover – L’Amant (1992, VO, film entier)
Tiré du roman éponyme de Marguerite Duras, ce film raconte l’histoire d’amour scandaleuse entre un Chinois et une Européenne de 17 ans plus jeune dans une Indochine aujourd’hui disparue. Toutefois, comme l’indique Marguerite Duras elle-même, cette version cinématographique a une nature indépendante du roman. En effet, pour Jean-Jacques Annaud, le réalisateur, il s’agissait avant tout de réussir une représentation réussie de l’amour physique avec le désir, les tabous, la jouissance et l’abandon charnel. C’est donc avant tout un film consacré à une histoire d’amour charnel.
Bitter moon – Lune de fiel (1992, VO, bande annonce)
Au-delà des rapports entrecroisés de deux couples dissemblables que le hasard met en présence, c’est une histoire de fascination et de domination un peu glauque qui est narrée. Dans le huis-clos d’un bateau de croisière, c’est un jeu érotique de chat et de souris qui se joue. Plus que les images, ce sont les situations, les intentions et les non-dits qui font monter la tension sexuelle et dramatique.
Fatale (Damage) (1992, VF, bande annonce)
Quand un homme tombe follement amoureux de la petite amie de son fils et démarre une liaison avec elle, leur histoire sera tout sauf simple et sereine. Dès la rencontre entre le père (Jérémy Iron) et la petite amie (Juliette Binoche), la tension sexuelle s’installe de manière palpable. Le regard qu’ils échangent au moment de se présenter est en total décalage avec l’insignifiance de leurs propos. Et durant tout le film, il y aura ce lien entre eux, invisible, terriblement puissant.
Jamon, jamon (1992, bande annonce, VO)
C’est une comédie un peu déjantée, comme les Espagnols en ont la spécialité, qui, sur fond d’opposition entre Espagne traditionnelle et Espagne moderne, nous offre le spectacle des amours contrariées d’un fils pour une jeune ouvrière, de sa mère pour l’homme qu’elle voulait utiliser pour séduire l’ouvrière, du père déçue par la jeune ouvrière (vous suivez toujours ?). Les personnages et leurs désirs sont représentés par de nombreuses allégories animales. Entre tauromachie et viande, ils dévoilent leur nudité (scène de l’entraînement de Raul et de son frère), se dévorent entre eux (scène où José Luis suce les seins de Silvia en lui disant qu’il aime les manger), sont réduits à leurs cuisses ou leur bas-ventre (scène du choix du mannequin de la marque). C’est un film violemment sensuel, plein de chair et de sang.
Juste un baiser (2002, bande annonce, VF)
Le réalisateur nous entraîne ici dans les coulisses des sentiments, l’absence de glamour. Un homme confronté à l’engagement, une femme qui se voit vieillir, un couple qui se sépare, plusieurs histoires ici s’entrecroisent. Les personnages sont lâches, hystériques, déçus et décevants. C’est une peinture assez désespérée des relations entre les hommes et les femmes avec, en toile de fond, la quête du bonheur.
La secrétaire (2002, bande annonce, VOST)
Ce film traite du sujet délicat du masochisme et du sado-masochisme. Une jeune femme, internée temporairement en raison de ses penchants pour l’auto-mutilation, découvre le plaisir dans la douleur et l’humiliation par son nouveau patron. Le jeu des comédiens est subtil et convainquant, les situations d’une symbolique extrêmement scabreuse et sexuelle (la scène de la carotte) ou bien très explicites (la scène de la masturbation).
Just a kiss (2004, bande annonce, VF)
Bien plus qu’une nouvelle version de Roméo et Juliette, cette histoire d’amour compliquée entre un Pakistanais musulman et une Irlandaise catholique explore un contexte socio-culturel bien précis : les différences entre les immigrés de deux générations et les préjugés installés de tous côtés, aussi bien pakistanais qu’irlandais. Par ailleurs, le réalisateur Ken Loach se lance dans les scènes d’amour. Il filme les corps en plan serré avant de se tourner pudiquement vers une fenêtre. C’est à la fois sensuel, fragile et tendre.
Le Secret de Brokeback Mountain (2005, bande annonce, VF)
1er western homosexuel de l’histoire du cinéma, c’est avant tout une histoire, selon le réalisateur, sur l’illusion de l’amour. Quelques scènes fortes, comme la révélation éblouissante lors de la fête foraine, le baiser, mais surtout beaucoup de belles images et une réflexion sur la distance avec l’être aimé.
Twilight (1 à 4, 2005-2008, bande annonce, VF)
Les 4 films de la saga Twilight sont l’adaptation cinématographique des 4 romans éponymes de Stephenie Meyer. Le titre des 4 chapitres est éloquent : Fascination, Tentation, Hésitation et Révélation. Au travers de l’histoire d’une jeune fille qui tombe amoureuse d’un vampire et dont le meilleur ami est un loup-garou, c’est toute l’initiation lors de l’adolescence à la sexualité qui est ici racontée. De tous temps, les vampires ont été des représentations symboliques de l'interdit, du péché et tout spécialement de la sexualité, de préférence hors-norme. Ambivalence, peur, désir, risque, métamorphose des corps et des esprits, tout y est. Ce qui explique l’immense succès de cette adaptation auprès des spectateurs adolescents.
Lady Chatterley (2006, bande annonce, VF)
Ce film est tiré du roman L’amant de Lady Chatterley et raconte l’histoire d’amour entre une jeune mariée déçue et son garde-chasse. C’est un éveil à la sensualité pour elle, un réveil à la vie pour lui et, pour les deux, la transformation initiée par l’amour. C’est aussi (encore !) l’histoire d’une domination double ou à double-sens : domination de la femme par l’homme, domination du garde-chasse par la lady. Les scènes sont belles mais peut-être un peu mièvres.
La vie d’Adèle: chapitres 1 et 2 (2013, bande annonce, VF)
Adèle, déçue par une première expérience avec Thomas, va découvrir l’amour dans une liaison homosexuelle avec Emma. Mais, comme chez les hétéro, la vie sape et éloigne ceux qui s’aiment. Déceptions, trahisons, rejets jusqu’à la rupture finale. Le contenu sexuel explicite du film a suscité la polémique, notamment en raison de nombreuses scènes lesbiennes si démonstratives et crues qu’elles en sont, soit chirurgicales, soit pornographiques (bien que simulées).
The sessions (2013, bande annonce, VF)
Tiré du roman de Mark O’Brien, "On seeing a sex surrogate", ce film raconte l’histoire autobiographique de ce journaliste, paralysé en raison d’une poliomyélite, qui, grâce à une assistante sexuelle, va découvrir non seulement l’amour physique mais aussi émotionnel. Oeuvre d’une belle intensité dramatique d’où l’humour et l’espoir ne sont pas exclus, ce film a remporté le Prix du Public Américain de la Fiction et l’actrice Helen Hunt a été oscarisée pour son rôle.
Perfect Mothers (2013, bande annonce, VF)
Dans ce film d’Anne Fontaine, deux femmes et amies d'enfance tombent amoureuses de leurs fils respectifs, eux-mêmes amis. C’est une histoire sur l’amour interdit, l’amour impossible, l’amour maternel, l’amour filial, la rivalité et l’amitié. Si les images sont très pudiques, les sujets abordés sont eux intenses.
50 nuances de Grey (2015, bande annonce, VF)
Tiré du roman éponyme, cette version filmée réussit à être encore plus soft que le livre. Les scènes de nu ou osées ont été édulcorées. Au final, une histoire gentillette sur la fascination de la femme jeune pour l’homme riche et puissant, son penchant à se laisser d’abord dominer avant de se reprendre et d’affirmer que le sadisme n’est pas une marque d’amour. Très politiquement correct en somme.