Littérature sensuelle

Le grand scandale que ce roman provoqua à sa sortie fut moins dû au fait qu’il contenait des scènes d’amour qu’à la condition sociale des amants. En effet, il s’agit de l’histoire d’amour qui va transformer une Lady, déçue par un mariage avec un homme impuissant, et son garde-chasse. Lui va l’éveiller à la sensualité, elle va le réveiller à la vie. C’est un apprentissage, un apprivoisement, lent, délicat, charnel et émotionnel que l’auteur décrit avec patience.

Ce roman relate, avec toute la poésie de la plume de Colette, les saveurs acides des premiers émois adolescents et de la découverte de la sexualité. Vinca a 15 ans, un an de moins que Phil, qu’elle aime depuis toujours. Alors que leurs corps commencent à parler, Phil fait la rencontre de Madame Dalleray, femme de 34 ans.

Celle-ci va devenir, au désespoir de Vinca, l’intitiatrice de Phil à l’amour charnel.

Colette, femme libre et provocante, même type de figure qu’une Coco Chanel ou qu’une Liane de Pougy dont elle fut la contemporaine, parle sans fard mais avec délicatesse de la sexualité, du trouble des sentiments et de la confusion charnelle.

C’est l’histoire de Minne, fine et délicate comme une chatte, qui rêve du frisson charnel sans bien savoir ce qu’elle recherche. Après un mariage de circonstance avec son compagnon d’enfance pour lequel elle n’a ni attirance ni animosité particulière, elle reste amèrement déçue par sa nuit de noces. Elle va alors, avec une indifférence cruelle pour ceux qui croiseront sa route, partir à la recherche de ce fameux mystère du plaisir qui sans cesse se dérobe.

C’est un roman extraordinaire de Colette sur l’anorgasmie et la douloureuse insatisfaction que celle-ci engendre. C’est aussi la quête du plaisir, la révélation du corps et la découverte que rien n’est inné, pas même la jouissance.

La série des Claudine (Claudine à l’école, Claudine à Paris, Claudine en ménage, Claudine s’en va) de Claudine, clone de Colette qui parle d’elle-même et de ses expériences au travers de ces romans, est une jeune fille, puis une jeune femme, curieuse, ombrageuse, sensuelle, audacieuse et ignorante. Elevée comme une fleur sauvage, elle a la sensualité innocente et franche d’un jeune animal. Après une adolescence côtoyant avec curiosité des mœurs assez particulières, elle découvre la vie parisienne et ses tentations, ses plaisirs, ses abîmes. Mariée à Renaud (en qui l’on peut découvrir un Willy, mari de Colette, idéalisé et pourtant plein de faiblesses), elle va éprouver l’amour, ses trahisons, ses déceptions mais aussi sa douceur et ses consolations. Le dernier tome n’est plus le récit de Claudine mais celui d’Annie, amie de Claudine, qui l’observe, l’admire et, à sa manière, va chercher à l’imiter, à la perpétuer et à vivre, elle aussi, le mariage autrement que dans des liens.

Ces deux romans relatent, avec un cynisme non dénué d’affection, les relations amoureuses d’une femme mûrissante et d’un gigolo égoïste et tendre. Avec toujours une langue savoureuse, nuancée et pointue, Colette rend belle et mélancolique une histoire qui pourrait être sordide et attachants des personnages dominés par leur sensualité.

On ne présente plus le chef-d’œuvre d’Emile Zola. Avec la richesse de vocabulaire qu’on lui connait et son style vigoureux, précis (n’oublions pas qu’il fut journaliste), l’auteur nous raconte la grandeur puis la déchéance de l’une de ces « reines de Paris », courtisanes au train de vie pharaonique dont l’adulation démesurée symbolise pour Emile Zola la décadence du régime du 2^nd Empire. Il décrit complaisamment les folies érotiques, la débauche morale et physique des classes aristocratique et bourgeoise qui, au travers des amants de Nana, se roule dans la boue pour honorer la beauté du corps d’une fille qui vient du ruisseau. C’est la fascination de l’ordure.

Sur fond de Révolution Française, la très sensuelle héroïne de ces 3 romans va, au travers de multiples aventures, découvrir et vivre une sexualité très riche et très variée. Fidèle dans son cœur à son grand amour, elle croque sans complexe dans la vie et multiplie les expériences, profitant des temps troublés de la Révolution pour se comporter en toute liberté.

Ce contemporain de Henri III raconte, dans une langue un peu vieillotte mais pleine de verve, toutes les anecdotes et racontars d’alcôve qu’il a recueilli, tant à la cour de Navarre qu’à celle de Lorraine ou de France. La paillardise n’était pas une particularité du « Vert Galant » royal mais bien une caractéristique de cette époque !

Ayant repris l’Histoire de France depuis Clovis, Guy Breton raconte comment certaines amours ont fait l’Histoire et comment, par désir ou par jalousie, certaines décisions politiques les plus lourdes de conséquences ont été prises. Edifiant !

Ce roman, à la fois tout à fait immoral et fort drôle, raconte les mémoires d’une âme métamorphosée en sopha et qui voit se dérouler sur lui bons nombres de scènes galantes.

Sacrifiant à la grande vogue des romans épistolaires du XVIIIème siècle, Crébillon décrit passion et libertinage dont les ravages se parent d’une langue délicate et délicieuse.