Très à la mode aujourd’hui est la référence à l’addiction sexuelle. Pourtant, elle est connue depuis déjà longtemps mais, et cela mérite d’être indiqué, son caractère pathologique n’était généralement retenu que lorsqu’il s’agissait des femmes. Au 19ème siècle, on désignait parfois l’addiction sexuelle féminine sous le vocable de «fureur utérine ». Parfois, au contraire, on lui imputait l’origine des crises d’hystérie (et les femmes étaient « traitées » par une séance de masturbation à l’aide d’un vibromasseur). Aujourd’hui, la médecine moderne reconnaît que l’addiction sexuelle touche aussi bien les hommes que les femmes et qu’elle doit être distinguée de l’hypersexualité. L’hypersexualité est une activité sexuelle supérieure à la « moyenne » mais sans conséquences négatives sur la vie de la personne concernée.
Au contraire, l’addiction sexuelle se caractérise par une absence de contrôle, une intensité et une récurrence douloureuses, envahissantes, déplaisantes. C’est lorsque la sexualité devient source de souffrance pour soi (et ses proches) que l’on parle d’addiction sexuelle. En effet, la sexualité devient alors aussi nocive qu’une drogue. Cet envahissement par la sexualité peut constituer une réponse à des troubles de l’humeur. Pourtant, en raison notamment du peu d’études sérieuses sur le sujet, cette addiction n’a finalement pas été retenue comme pathologie dans l’édition 2013 du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM–5), qui constitue le manuel de référence de psychiatrie américain. En effet, encore aujourd’hui, le mécanisme physiopathologique à l’origine de l’addiction sexuelle reste mal connu. Est-ce une forme de tempérament obsessionnel compulsif ou bien un dysfonctionnement neurobiologique avec une activation anormale du système de récompense cérébrale lié à l’activité ou aux pensées sexuelles? L’effet indésirable de médicaments à base d’amphétamines ou bien un symptôme de détresse psychologique ?
Le professeur Reid, de l’université de Californie a, en 2012, publié les résultats d’une étude portant sur 152 patients, très majoritairement des hommes (seulement 8 femmes !), pour la plupart hétérosexuels et d’environs 41 ans. Chez 50% d’entre eux, les troubles liés à l’addiction sexuelle étaient permanents et pour 84%, ils s’étaient manifestés avant 25 ans, ce qui en fait une addiction d’apparition précoce. Et pour 67%, ces troubles avaient pour conséquence l’incapacité à avoir des relations sexuelles équilibrées.
L’addiction sexuelle est à prendre au sérieux. Elle est source de souffrance, comme toute activité à caractère compulsif. Toutefois, elle est aussi à cantonner à l’addiction. Une hypersexualité, saine et joyeuse, procurant du plaisir et du bien-être, n’est pas à proscrire. Bien au contraire !